Ecoles

Généralement, chaque école secondaire peut mettre en place le projet LIFT, indépendamment de sa taille ou de son emplacement. LIFT peut être adapté aux spécificités de l’école afin d’apporter une valeur ajoutée pour toutes les parties.

J’occupe la fonction d’enseignant en activités créatrices manuelles et en dessin technique dans l’établissement primaire et secondaire d’Isabelle-de-Montolieu à Lausanne et je donne également depuis plus de 15 ans un séminaire de sculpture de 60 heures par année dans le cadre de l’école professionnelle artisanale et industrielle de Fribourg.

Parallèlement à mon activité d’enseignant, j’ai une activité indépendante d’artiste peintre et de graveur en taille-douce dans mon atelier à Lausanne depuis 1987. Notre établissement est situé dans une zone à forte mixité sociale avec environ 55 nationalités différentes et je «côtoie» ce milieu adolescent depuis maintenant plus de 25 ans.

Lorsqu’en 2013, la direction de mon établissement m’a proposé de m’occuper du projet LIFT, cela m’a tout de suite enthousiasmé, car j’étais convaincu depuis de nombreuses années qu’il manquait un lien entre la fin de la scolarité obligatoire et l’entrée dans le monde professionnel.

Cette transition particulièrement délicate entre l’école et l’univers du travail, où l’élève doit faire un choix professionnel sans avoir nécessairement les outils adéquats, nécessite un accompagnement qui dans bien des cas, il faut bien le reconnaître, n’existe ni à l’école ni dans les familles. J’ai également souvent constaté durant toutes mes années d’enseignement que beaucoup de jeunes étaient démunis face à leurs interrogations quant à leur avenir professionnel et qu’ils n’étaient malheureusement pas toujours suffisamment encadrés pour faire face aux contraintes – de plus en plus exigeantes d’ailleurs – des différents concours d’admission à certaines écoles ou apprentissages.

Le projet LIFT, à mon avis, offre cet immense avantage de pouvoir accompagner un élève durant deux ans et de lui offrir toute une palette de couleurs qui l’aideront – s’il y a un réel engagement de part et d’autre – à s’envoler plus facilement vers l’univers professionnel des adultes. Prévention, engagement personnel, responsabilisation, confiance, exigence, échanges, découverte, rigueur, reconnaissance, liens, estime de soi, voici une liste de quelques mots qui définit assez bien, me semble-t-il le parcours d’un élève engagé dans le projet LIFT durant deux ans.

Dans notre établissement Isabelle-de-Montolieu, nous avons sélectionné au fil des ans 43 jeunes qui ont suivi le programme LIFT depuis 2013 avec une seule rupture de contrat en cours de stage et cinq contrats d’apprentissage signés. Mais au-delà des statistiques et sur un plan plus humain, j’ai découvert à travers toutes ces années une constante, à savoir que lorsqu’on fait confiance à cette jeunesse en devenir et qu’on la responsabilise, cette même jeunesse, en écho nous fait découvrir des facettes parfois insoupçonnées lorsque ces élèves sont en classe. Pour conclure, je dirai que LIFT permet également de sortir des sentiers battus, de changer de rôles, de modifier ses habitudes, de s’offrir une nouvelle chance, de lancer des passerelles et de constater qu’en définitive c’est la rencontre qui prime et qui est enrichissante pour toutes les parties engagées dans ce projet, que ce soit en entreprise, à l’école ou dans les familles.

Nicolas Delémont

Enseignant / artiste peintre
EPS Isabelle-de-Montolieu à Lausanne

« Dans ce projet, tout le monde est gagnant.»

Virginie Dorthe est doyenne à l’établissement primaire et secondaire de Cugy (VD) et environs. La mise en place de LIFT dans son école lui a donné l’occasion de jeter un pont entre mondes scolaire et professionnel.

Virginie Dorthe baigne depuis longtemps dans le monde de l’enseignement. Avant d’être nommée doyenne, elle était professeure de français, histoire, géographie et citoyenneté. Côté privé, elle côtoie plutôt des entrepreneurs. «Mon mari dirige une menuiserie. On s’est toujours intéressé à la transition entre école et travail. On en parle souvent, on a les mêmes questions, mais le point de vue est différent; le sien est professionnel, le mien scolaire.» Voilà pourquoi elle s’est immédiatement intéressée au projet LIFT lorsqu’elle en a entendu parler en 2015. Jeter un pont entre ces deux mondes et leur permettre de mieux communiquer, l’occasion était trop belle!

Le parcours d’une combattante
Implémenter LIFT dans son établissement n’a pas été une mince affaire. Il a fallu convaincre la direction de l’école, rencontrer les autorités intercommunales et consulter le Conseil d’établissement. «Tout le monde trouvait LIFT génial, ça m’a donné la confiance nécessaire même si certains craignaient l‘utopie d‘un projet de trop grande envergure.» Le projet démarre finalement au début de l’année scolaire 2016-2017. Mais il faut encore trouver des entreprises ! Motivée comme jamais, elle réussit à en convaincre une dizaine de participer au programme.

Une démarche gagnant-gagnant
«La gestion de ce projet est très enrichissante pour moi. Je rencontre de nombreuses personnes issues de mondes différents, cela me permet de créer un réseau tout en mettant le mien à disposition de l’école et de LIFT. Au final, tout le monde est gagnant.» Femme active, dynamique et ouverte, elle suit aussi une formation de gestion d’établissement et en profitera pour rendre bientôt un mémoire sur le projet LIFT.

Portrait de Virginie Dorthe
Doyenne
EPS de Cugy et environs

J’occupe la fonction de Travailleur Social de Proximité (TSP) pour le compte de la Commune de Villeneuve. Par le passé, j’ai aussi exercé comme Psychologue Conseiller en Orientation à l’Etat de Vaud. Dans le cadre de ma fonction de TSP, je travaille, entre autre, avec des jeunes en situation de rupture socioprofessionnelle. Lorsque l’an dernier
(automne 2015), le doyen du secondaire m’a contacté pour suivre et encadrer le groupe d’élèves qui participaient au projet LIFT, j’ai tout de suite accepté. J’y ai rapidement vu un outil qui contribuerait à prévenir la rupture socioprofessionnelle de certains élèves en fin de scolarité obligatoire. La transition entre l’école et le monde professionnel constitue un enjeu majeur. A mes yeux, le projet LIFT permet de préparer et d’outiller les élèves en vue de cette échéance.

En étant confrontés aux exigences du monde professionnel, et ce, dès la 10ème année, les élèves prennent conscience de certaines attentes. Ceci, tant au niveau des compétences scolaires nécessaires qu’au niveau des savoir-être relatifs à leur cadre de travail. En outre, le fait de pouvoir « toucher » au métier permet à l’élève de le découvrir
concrètement. Cela peut, parfois, faire émerger de vraies vocations. Les entreprises peuvent aussi ressortir gagnantes de ce projet, en tissant des liens avec des jeunes qui deviendront peut-être leur futur apprenti.

Dans le cadre plus particulier du suivi des élèves, je les rencontre à raison d’une période toutes les deux semaines. Les modules d’accompagnement apportent un canevas et des idées bienvenues. Le classeur fournit en effet un nombre considérable d’outils favorisant la discussion et les échanges.

J’aime bien mettre en scène les élèves. Je le fais volontiers lorsque, par exemple, nous évoquons certaines compétences sociales ou principes de communication. Je leur demande alors de jouer de courtes situations. Elles servent ensuite de base à une discussion de groupe. Ainsi pouvons-nous aborder l’habillement, le regard, la posture,
le ton de la voix, le débit ou encore le contenu des interlocuteurs.

LIFT est sans aucun doute un chaînon essentiel entre le monde scolaire et le monde du travail. C’est un outil qui apporte une réponse pragmatique aux élèves qui s’interrogent
sur le monde professionnel. Les bénéfices qu’ils en retirent sont multiples : développement de compétences sociales, rencontres d’employeurs, rapports de stage, découverte de différents secteurs professionnels.

En mettant en perspectives les attentes du monde professionnel, LIFT donne du sens aux apprentissages scolaires. C’est une démarche qui favorise le cheminement visant à rendre un élève progressivement apprenti.

Julien Richard

Travailleur Social de Proximité
Villeneuve

Résultats concrets, observation clinique

Je travaille en tant que psychologue en milieu scolaire et responsable d’équipe au Service PPLS de Coppet-Crassier. Les adolescents que je vois en soutien, se trouvent très souvent dans des situations complexes, avec des difficultés globales impactant leur scolarité, leur vie sociale et familiale.

A l’âge où il faut en plus choisir une profession et se projeter dans la vie professionnelle, ces difficultés rendent les choses extrêmement difficiles. Peur de quitter l’école obligatoire et de se retrouver livrés à eux-mêmes, situations de famille précaires, dont les parents ne peuvent donner le soutien nécessaire et l’accompagnement vers la vie professionnelle, difficulté à aller vers le monde adulte et à se sentir capable d’affronter le milieu professionnel. Manque de confiance en soi, suite à de nombreux échecs liés à l’école ou d’autres éléments de la vie.

Depuis l’insertion du projet Lift dans notre école, les adolescents qui ont intégré le projet et que je continue à suivre, ont trouvé beaucoup plus de confiance en eux et dans leur avenir. Ils se sentent valorisés dans leur « travail» et reconnus par les adultes comme étant compétents. Les rapports de stages, sont extrêmement utiles, car ils mettent en avant tous les atouts des adolescents et mettent en garde contre d’éventuelles difficultés que nous pouvons ensuite travailler ensemble.

Les adolescents ont beaucoup moins de craintes pour leur avenir et commencent à se projeter dans un apprentissage et dans le fait qu’ils sont compétents et qu’ils pourront entreprendre une formation. Ils se sentent aussi beaucoup moins seuls dans leurs démarches pour tre tout ce projet en place, est d’une grande valeur et porte déjà ses fruits auprès des adolescents et de leur familles.

Maria Gili

Psychologue en milieu scolaire
Collège de Terre Sainte, Coppet

Depuis 2015, notre établissement met en place le projet « Lift » afin, entre autres, de rapprocher le monde professionnel de l’école et d’offrir à quelques jeunes de se confronter au monde du travail.

Soutenu par l’ASIME (association scolaire intercommunale de Morges et environs) « Lift » offre aujourd’hui à 6 adolescentes et adolescents la possibilité de vivre hors temps scolaire des moments en entreprise.

Il ne s’agit pas, bien au contraire, pour «Lift » de se substituer à l’Approche du Monde Professionnel (AMP) dispensée à tous nos élèves de VG, mais juste d’offrir un outil supplémentaire à certains pour terminer avec réussite leur scolarité.

En qualité de directeur, je me réjouis de cette opportunité offerte à notre établissement et exprime mes remerciements à toute personne porteuse de ce projet.

Luc Schlaeppi
Directeur
ES Morges-Beausobre

Une demi journée de formation pour concrétiser l’aventure
Nous sommes au printemps 2016, un atelier de formation est proposé par le centre de compétences LIFT pour les écoles romandes qui débutent dans le projet. Le timing est optimal, une partie de l’équipe LIFT du CO du Renard se rend en terres vaudoises pour participer à cet atelier. Les attentes sont multiples : comment trouver des entreprises pour les PTH, comment les aborder, quels arguments avancer pour les convaincre d’accueillir nos élèves, mais aussi comment mettre à contribution nos collègues pour sélectionner les élèves candidats LIFT, quand faire ces sélections, comment aborder les familles pour les faire adhérer au projet, etc. ?

Bien-sûr toutes ces questions sont traitées et explicitées dans l’épais classeur que nous avons reçu et lu attentivement lorsque notre école est entrée dans le projet. Et pourtant elles restent quand même ouvertes, sans doute parce qu’à priori elles semblent éloignées de notre quotidien scolaire, elles nous semblent abstraites et désincarnées, le lien ne se noue pas. Le passage par l’humain est nécessaire, les concepts doivent être discutés et débattus pour pouvoir être vraiment compris. C’est ce que nous venons chercher à cet atelier de formation du 20 avril sur les hauts de Lausanne. Alors en cet après-midi de printemps quelque chose va-t-il bourgeonner, mûrir et finalement éclore ? Et bien oui ! Cette réunion du 20 avril a été extrêmement enrichissante et constructive, elle a largement répondu à nos attentes.

Une douzaine de personnes de divers cantons romands, principalement des enseignants, se sont retrouvés dans une salle de classe de l’école secondaire de Cugy.

Sous la conduite ferme et bienveillante de l’animatrice de l’atelier, Mme Lorenzini, nous avons pu formuler nos nombreuses questions, partager nos doutes et nos appréhensions. Petit à petit, au fil des échanges, et grâce aux éclairages adéquats et précis de l’animatrice les zones d’ombres ont disparu ou se sont grandement atténuées et, dans une ambiance conviviale, nos interrogations ont trouvé des réponses grâce au contenu bien pensé et structuré de cet atelier de formation.

Enfin un horizon avec des pistes de travail concrètes se dessinait, c’était l’élément déclencheur qui nous avait manqué. Le débat et les échanges avec nos collègues romands, ont mené à une meilleure compréhension du projet LIFT et en conséquence à l’appropriation des éléments nécessaires à la mise en place et au développement de LIFT dans notre école.

Pour finir, je dirais que nous avons eu beaucoup de plaisir et d’intérêt à participer à cette réunion et y avons grandement gagné en cohérence et en efficacité pour le démarrage du projet.

Birgit Foti
enseignante
CO du Renard, Le Lignon